Frémeaux & Associés a toujours été admirateur et défenseur des musiques populaires américaines : du blues aux chansons francophones liées au “Grand Dérangement” des Acadiens, devenus les Cajuns en Louisiane. 'La P’tite ceinture' de Patrick et Steve Verbeke trouve légitimement sa place aux côtés du disque de musique traditionnelle Français d’Amérique, du coffret Country Quebec (les cowboys qui chantent en Français !), de Benoît Blue Boy ou du film de Jean-Pierre Bruneau Louisiana Blues. Patrick et Steve Verbeke sont en effet plus que les héritiers de l’ensemble de cette tradition Nord-Américaine, ils sont les artisans de l’écriture contemporaine de cette histoire humaine et artistique. Ils utilisent la facture musicale du blues, ainsi que son humour décapant sur les malheurs de la vie, dans une fusion exceptionnelle et résolument française. Un savoureux dialogue entre père et fils, au service du blues, qui donne l’irrésistible envie de remettre indéfiniment en boucle sur sa platine 'tu m’as menti', 'la tangente' ou 'La p’tite ceinture'.
Patrick Frémeaux
Las d'attendre le troisième revival, Patrick et Steve Verbeke, bluesmen de père en fils, prennent les devants et bouclent “La P'tite Ceinture”, album rédempteur, classe franco-louisianaise, Jacques Dutronc qui serait produit par JD Miller ! Mille excuses aux grands prématurés, Alan Jack et Chris Lancry, mais le tournant du blues en France, c'est en 1979 quand Wolfson, l'homme de chez Vogue, toucha de quoi produire trois albums de rock tricolore : Benoît Blue Boy, Backstage (le groupe de Paul Personne) et Stinky Toys. Rock, blues, on n'en était pas encore à ces distinguos d'herboriste. Le tourbillon punk avait agité les fonds turbides de la chanson underground, un drôle de fretin se dégageait des limbes, Bill Deraime, Jean-Jacques Milteau ou, en 1981, Patrick Verbeke... “Blues In My Soul”. Les chroniqueurs saluèrent le tour de chauffe d'un “guitariste surdoué”, pas exactement inconnu puisqu’il avait joué les derniers coups de serpe de Vince Taylor. A quatorze ans, Patrick fut happé par le blues noir et le rock'n'roll. “S'il y a un mec, un seul, qui fait du blues blanc, c'est Gene Vincent, le plus grand chanteur ayant vécu sur Terre. Avec Paul Rodgers, bien sûr.” En 1965, on le vit bûcher la méthode Mickey Baker sur une Öffner jazz acoustique à ouïes. Il apprenait l'âge de ses capitaines, “BB King, Clapton et Gene Vincent, la phalange du blues-rock”. Quand il enregistrait ses premiers albums, l'époque laissait miroiter une excitation confuse, la promesse d'un rendez-vous. On aurait même pu croire qu'à côté du seul blues français ayant jamais métastasé l'inconscient collectif du pays (“Toute la Musique que J'Aime”), il y avait un strapontin pour les experts. En tout cas, Patrick le crut. Blanc-Francard lui avait confié deux heures de blues hebdomadaires sur Europe 1, puis il s'était aventuré dans la production. Patrick jouissait en outre d'un patrimoine séminal propre à sa continuité généalogique, une faculté qu’il exerça avec avantage pour se ménager une descendance, dont Steve. A quatorze ans, l'âge où son père démarrait la guitare, Steve attaqua l'harmonica. En 1999 il ficela un premier album blues-rockant, mais le rendez-vous qu'on sentait flotter dans l'air auparavant avait, hélas, déjà déployé de grandes oreilles de lapin. Steve comprima le périmètre sur un blues plus racé, très exigeant. Du Chicago sans bassiste, il fallait oser. Stan Noubard Pacha, qui savait faire circuler une contrebasse fantôme entre ses riffs acrobatiques, est toujours sous traitement pour des troubles musculo-squelettiques de la main droite. On avait laissé Steve en 2007, excellent souffleur, sur un excellent disque de chansons chicagoïdes (“Parano”), on le retrouve ces jours-ci, harmoniciste monstrueux, sur l'album familial monstrueux qu'il scelle avec son père, “La P'tite Ceinture”. Steve : “Du moment que ma voix était correcte et naturelle, ça me suffisait pour ce que j'avais à en faire. Là, on m'a demandé d'aller un peu plus loin que le correct, de gagner en profondeur et en précision mélodique.” Steve, apprenti crooner, hacheur de rythmes, serpent à anches, Patrick, doseur de frappe, la voix posée comme un bunker, belle comme une cicatrice héroïque. Benoît Blues Boy leur prête une guitare barytone qui donne un estomac terrible aux riffs qu’elle fait vrombir. C'est cette Danelectro qui déménage sur “Catfish Blues”, une version qui enterre vraiment toutes les autres. C'est encore la Danelectro qui déménage sur un “Let Me Go Home Whisky” d’outre-tombe, à la mémoire d’Alan Jack… ou Fats Domino attendant la visite de Freddy Krueger ! D’ailleurs, d’où vient ce sentiment d’une corde raide tendue d’un bout à l’autre de l’album, qui met du danger un peu partout ? Patrick : “Je sors d’une période très difficile, c’est vrai. J’ai vachement bossé, ça ne m’a rapporté que des dettes. Mon label a bouffé tout ce que j’avais mis à l’abri les années précédentes. C’est quand même dur d’en arriver là, mais je ne regrette rien et ce n’est pas la trouille qui a fait cet album !” Steve : “La situation du blues n’est pas terrible. On a voulu braver cette déveine, enregistrer un album dont on soit fier, même tiré à deux exemplaires. Voilà, j’ai fait un disque avec mon père, je le tiens dans mes mains, j’en suis super content !” Patrick : “Sincèrement, je n'imaginais pas qu'il serait si bon. On s'est dépassé !” Steve : “Et on va en vendre 200 000 exemplaires !” Patrick : “Ouais, comme d’habitude…” Christian Casoni -Rock & Folk Ce disque est soutenu par Jazz Radio
"Excellent album qui donne en plus envie de revisiter les vieilles lignes parisiennes oubliées..." Fred Delforge - Zicazic
"Profonds, touchants et passionnants... La p'tite merveille inespérée !!!" Jean-Pierre Savouyaud - Virus de Blues
01. Tu m’as menti (S. Verbeke / P. Verbeke) 3’11 - 02. Frankie & Johnny (Trad. / arr. P. Verbeke) 5’13 - 03. La Tangente (P. Verbeke) 5’14 - 04. Mets ta casquette Blues (P. Verbeke) 4’04 - 05. Catfish Blues (Trad. / arr. P. Verbeke) 5’29 - 06. Père & Fils (P. & S. Verbeke) 3’41 - 07. La p’tite ceinture (S. Verbeke / P. Verbeke) 4’26 - 08. T’efface pas comme ça (S. Verbeke / P. Verbeke) 3’20 - 09. Dis moi pourquoi (B. Billot / S. Verbeke) 4’04 - 10. Fils & Père (P. & S. Verbeke) 3’55 - 11. Celle que j’aime (S. Verbeke) 4’38 - 12. Ragtime blues (P. Verbeke / S. Verbeke) 2’45 - 13. Let me go home whisky (Trad. / arr. P. Verbeke) 6’36
Patrick & Steve Verbeke are more than the heirs to the entire North-American tradition; they’re craftsmen when it comes to contemporary portrayals of this human and artistic story, and they use the musical setting of the blues, not forgetting its scathing humour over life’s misfortunes, in an exceptional fusion that is resolutely French. A savoury conversation between father and son that not only serves the blues, but gives you the irresistible urge to listen to 'tu m’as menti', ' la tangente' or 'La p’tite cein ture' on repeat, time and time again. Benjamin Goldenstein
Production : Adima prod (Didier Zilliox) avec l'aide de l'Adami. Droits : Frémeaux & Associés en accord avec Adima / Patrick et Steve Verbeke.
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